B Corporation – Une nouvelle certification internationale pour entreprises éthiques

25 Juin 2014 ∙ 1:45 par David MARTIN
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Certified B Corporation

On n’achète plus une conduite ou on ne maquille plus une image de marque à grand coup de campagnes de communication. Parce que nous évoluons, des entreprises ont décidé de prendre les devants pour garantir leurs engagements éthiques en parallèle des bénéfices qu’elles réaliseront. L’un et l’autre ne sont pas incompatibles. Une nouvelle génération d’entreprises certifiées voit aujourd’hui le jour : les B Corporations (B-Corps)

Dans ce genre d’engagement tout le monde y gagne : l’entreprise, ses dirigeants, ses employés, ses actionnaires, ses partenaires, ses fournisseurs, ses clients. Même la communauté qui gravite autour de l’entreprise.

Autrefois appelé – management paternaliste bienveillant – utilisé au 19e siècle en France par les grands capitaines d’industrie comme De Wendel ou Schneider, ce modèle fut abandonné dans les années 70 au moment de la crise pétrolière et début de la mondialisation. On le retrouve singulièrement aujourd’hui dans une forme modifiée et adaptée aux nouvelles valeurs de notre époque.

La certification internationale B Corporation (B Corp)

B Corp - Badge - Be the ChangeGrâce à ce label « B-Corps » ou « Benefit Corporations » né en 2009, apparait une nouvelle génération d’entreprise dans le monde. Un mouvement qui s’appuie sur le partage d’un objectif commun : celui de remoraliser les affaires, de redéfinir une voie éthique dans la compétition économique acharnée de la mondialisation. Il s’agit de démontrer que l’on peut mener ses affaires en assumant des responsabilités citoyennes.

Les B-Corps sont des sociétés agréées par le B Lab, une organisation sans but lucratif qui définit des normes sévères en matière de transparence, de gouvernance, de durabilité et d’impact environnemental. Le Lab est basé en Pennsylvanie et a le pouvoir d’adouber les entreprises de type B Corporation qui veulent afficher leur engagement et marcher derrière l’étendard du capitalisme responsable. On compte à ce jour (juin 2014) plus de 1000 entreprises, de 32 pays et de 60 secteurs économiques distincts, certifiées. Les B-Corps les plus connues sont, sans en douter, Patagonia ou Ben & Jerry’s, qui étaient déjà engagées dans ce mouvement.

De nouvelles règles

Les règles des B-Corps sont simples :

Nous, les entrepreneurs, sommes tous responsables de la société de demain que nous transmettrons à la génération suivante.
On veut changer le monde en commençant par nous-même.
L’homme est au centre de tout et le monde des entreprises se doit de soutenir les initiatives à dimension sociale.
Les processus d’entreprise, les produits et les bénéfices engrangés ne peuvent pas provoquer de dommages et doivent être au service de tous. »

Le but est donc de soumettre les entreprises à but lucratif à ce qu’elles renoncent à privilégier la rentabilité maximale au détriment de buts sociaux plus large. Le droit actuel privilégie les intérêts financiers des actionnaires au détriment de ceux des Stakeholders(1), salariés, communautés locales ou environnement.

Les B-Corps sont donc socialement responsables. Elle cherchent à s’impliquer dans des projets de développement économique au-delà de leur champ d’activité ou de compétition économique. Ainsi, quand l’entreprise crée des richesses, il est normal qu’une fois les salariés et les actionnaires récompensés, ces bénéfices profitent à la société et à l’environnement. L’entreprise B Corp cherche donc à élaborer un nouvel équilibre pour concilier les droits et rémunération des actionnaires à ceux des parties prenantes.

Les B-Corps veulent également un cadre légal plus favorable aux entreprises engagées afin qu’elles puissent conserver leurs valeurs après succession, se transmettre plus facilement aux héritiers des fondateurs engagés ou les conserver lors d’augmentation de capital. Le but est de préserver et d’institutionnaliser ces valeurs quelles que soient la vie et l’histoire de l’entreprise.

De nouveaux outils

Le site Internet propose des outils de pilotage et de suivi pour faciliter la démarche et évaluer où en est l’entreprise en matière d’engagement social et environnemental. La batterie d’indicateurs permet de se comparer aux quelques 1000 entreprises qui ont obtenu le label – Certified B Corporation – à un niveau international.

Les B-Corps sont promptes à faire appel à des instruments de finance éthique ou par exemple aux Social Impacts Bonds. Entre elles, les entreprises certifiées ont tendance à faire des affaires et à s’accorder des conditions préférentielles : en Californie, le Comté de San Francisco veut favoriser la démarche et offre par exemple dans ses appels d’offres publics une prime de 3 % sur les prix aux entreprises certifiées.

Un quatrième secteur de l’économie

Au delà de l’initiative du projet B Corp de remettre 1 % à la planète, son ambition est encore plus large. Ses promoteurs soulignent que le mouvement est en train de littéralement donner naissance à un quatrième secteur de l’économie formalisé et parfaitement identifiable : des entreprises certifiées plus compétitives que la moyenne. Le cabinet Mc Kinsey en est actuellement le témoin.

Si cette certification rallie actuellement à de nombreuses entreprises anglo-saxonne, elle arrive doucement en Europe. On commence à voir aujourd’hui dans le noyau dur de l’Europe des entreprises qui ont pris la décision de se labelliser et de franchir le pas pour devenir des acteurs responsables et éthiques. La première entreprise en France a avoir initié ce mouvement en 2014 est la société – Utopies. Une entreprise conseils en développement durable fondée par Elisabeth Laville.

» Pour en savoir plus : www.bcorporation.net


(1) Stakeholder : En français – partie prenante – sont des acteurs, individuel ou collectif (groupe ou organisation), activement ou passivement concernés par une décision ou un projet ; c’est-à-dire dont les intérêts peuvent être affectés positivement ou négativement à la suite de son exécution (ou de sa non-exécution). La notion de partie prenante est centrale dans les questions de responsabilité sociétale, de démocratie participative et de transformation écologique et sociale ainsi que dans certaines normes (écocertification…). On retrouve également cette notion dans les démarches d’architecture d’entreprise.

 

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